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[Web Creator] [LMSOFT]
Gérard Courtecuisse
Commission historique du Nord
 
Cette narration fut permise grâce aux souvenirs recueillis, notamment voici plusieurs décennies, auprès de personnes ayant vécu cette funeste époque.            G.C.


BIBLIOGRAPHIE

- Archives municipales et paroissiales.
- « Douai et sa région sous les bombes - Mai 1940» - Pierre   Thomas - CES Editions.2003.
- « 1940-1944 - Le Nord en images» - Michel Rousseau - SPRL       Sodim-Bruxelles.
- « Cent ans de vie dans la région - 1900 à 2000» - 5 tomes - Voix du Nord hors série du
  17 novembre 1998 au 17 décembre 1999.
Le Service du Travail Obligatoire (S.T.O.) devait, lui aussi, laisser une victime:
Ernest Demouveau, décédé des suites d'un accident le 17 mars 1943 à Audembert.

Sont tombés au Champ d'honneur durant la guerre:
. Marcel DEBRAY , du 215° R.A., le 25 mai 1944 à Korbach (Allemagne)-
. François HAUTCOEUR , Sergent mécanicien navigant, le 15 mars 1945 à Hasselt (Belgique)-
. Maximilien JUSKOWIAK, caporal, le 17 juin 1940 à Xousse (Meurthe-&-Moselle)-
. Joseph MIGDAL ...
. Marcel THERY, du 8° Rgt du Génie, le 30 mai 1940 à Dunkerque -
. Jules WAGON, du 33° RI. , le 9 juin 1940 à Château-Porcien (Ardennes).

Les Prisonniers de guerre (P.D.G.)
se doivent d'être évoqués. Loin de leur foyer, sous-alimentés, ils laissèrent derrière les barbelés une partie de leur santé physique et morale.
On ne saurait décrire la profonde détresse, plus ou moins supportée, cachée, qui les étreignit tout au long de leur captivité.
Mais ils revinrent avec la solidarité, « comme là-bas, dans les camps ».
Stèle Caffart : Archives municipales
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* DECEMBRE
L'Avent... Noël arrive... Porté par les souffles acérés du nord-est, parvient à nos terroirs, ténu mais ô combien identifiable, le grondement d'une lointaine canonnade... Il arrive des Ardennes... Bastogne-Nuts !...
et replace la peur aux tripes... Mais la « croix gammée» ne reviendra pas.
  
  • Au camp de prisonniers de Vuillemin-Ecaillon, aux Russes et autres ressortissants de l'Est, succèdent des Allemands. Jusqu'à 4.500 ( !) entre autres rapatriés des Etats-Unis... Il sera désaffecté en 1948.

  Les camps de concentration ouvrent leur horreur au monde. Plusieurs déportés masnysiens connurent l'abomination:
    Michel Dérégnaucourt, F.T.P. Arrêté le 18 avril 1943... prison de Cuincy...centrales de Poissy puis de Blois... camp de transit de Compiègne... camp disciplinaire de Sarrebrück... le sinistre Mauthausen, en Autriche... son commando de Loibl-Pass à la frontière austro-yougoslave où il est libéré par les Américains le 5 mai 1945 pour reprendre les armes avec les partisans yougoslaves. M. Dérégnaucourt est décédé le 6 mars 1992.
    Jules CAFFART, cheminot, F.T.P., chef de secteur depuis 1940. Appréhendé à deux reprises, la seconde en avril 1941... il est condamné à quinze ans de travaux forcés par la Section spéciale de la Cour de Douai... Cuincy. . .Ia prison belge de Louvain... il franchit la porte de la monstrueuse forteresse de Mauthausen...affecté à Gusen, l'un des plus terribles Kommandos de ses soixante-douze camps annexes. Il s'y éteindra, épuisé, le 27 avril 1943, dans sa cinquante-cinquième année. La délégation municipale issue du Comité de Libération, lors de sa première séance de novembre1944, désignait M. Caffart comme son président absent, déporté en Allemagne.
Le 29 avril 1945, il est encore proclamé élu, membre du conseil municipal, considéré absent. La nouvelle de sa disparition est annoncée le 6 février 1946 en ouverture de réunion.
Faisant pendant au Monument aux morts, la stèle élevée à sa mémoire sera inaugurée fin avril 1946.
Poussières d'humanité, ses cendres sont demeurées sur le site de cauchemar, perdues dans la nuit et le brouillard.
... Chacun de pressait autour des blindés, les yeux embués d'émotion, tendant les modestes trésors précieusement conservés: qui, une vieille bouteille de vin, un reste d'alcool, d'anisade... qui, des cigares, plus ou moins moisis... qui des fruits ou produits du jardin, de la cour: tomates, poires, œufs, volailles, fleurs.
Et ces présents étaient rendus au centuple aux yeux des « rationnés » masnysiens: cigarettes blondes largement distribuées aux hommes, chocolat et chewing-gum aux petites comme aux plus grandes mains avides, conserves aux mères de familles...
Les habitants des localités voisines «défavorisées » par le plan de marche, en particulier d'Aniche et d'Auberchicourt, étaient accourus en masse. . .
Les sonneries des cloches en fête, les drapeaux arborés par centaines, la chaleureuse spontanéité de la foule désordonnée, les applaudissements enthousiastes, les effusions fraternelles... et féminines, marquaient d'un sceau indélébile la bourgade doutant encore de sa joie ineffable.
Le Convoi cessa avec le crépuscule. Les unités atteignant leur but immédiat: Tournai (Belgique) via Somain, Marchiennes, Orchies...
Le lendemain, un hôpital de campagne de première ligne s'installa à l'extrémité de la rue de la Jaudrée...
... ... Mais, ce demain-là fut réellement un AUTRE jour.

         - La 2° D.B.U.S. s'était déployée, traversant, de même, Roucourt, Lewarde, Montigny, Pecquencourt...-
Char moyen Sherman de la 2ème D.B.U.S.
 Marchiennes - 2 sept. 1944
Expo de mai 1995 (Sté Historique de Lallaing)
Char américain à Roucourt
 Photo Voix du Nord - Douai du 09.09.1994
De façon continue, un peu comme un rouleau compresseur, prête à broyer, consciente de sa puissance. (Quelques véhicules ayant toutefois emprunté, le matin, la ruelle du Four - rue Demouveau).
Aux arrêts que nécessitait une telle progression, les soldats de Patton (Quelques-uns de Pennsylvanie, belges d'origine) couraient en hâte se désaltérer dans les estaminets ou parmi la population toute attentionnée. Certains, en raison du train d'enfer mené par leur Corps n'ayant pas avalé un verre de bière depuis Saint-Lô en Normandie...  .
La rue Caffart - Coude de l'église, avant son redressement et son raccordement à la Route de Montigny en 1955
   JOUR d'ALLEGRESSE ... ...

Le sommeil de la nuit se révéla fort agité.
Un silence insolite régnait quand se leva l'aube de ce samedi, deuxième jour de septembre. Le brouhaha et le défilé des troupes allemandes en déroute s'étaient taris.
 
Vers huit heures du matin, les habitants du quartier de la « Sucrerie » crurent à la reprise de la retraite de l'ennemi. Mais les échos parvenaient de la « rue d'Erchin »...
 ... des blindés débouchaient route nationale. Circonspects, ils effectuaient une reconnaissance vers Vuillemin, rue des Hallots et le Blanc-Cul puis, revenant sur leurs «chenilles », se rendaient vers le bourg par la rue de la Fabrique...
... sur les parois des tanks, des véhicules semi-chenillés: l'étoile blanche... des casques non allemands...
          les Américains!
D'un coup, la liesse, l'allégresse s'instaura.
          . [Ces éléments de la 2°Division blindée U.S.- Corlett, de l'armée Patton, venaient du Cambrésis. La veille au soir à Arleux, la nuit passée au pont de Brunémont, ils avaient gagné Masny par Bugnicourt, Villers-au-Tertre et «Sébastopol» ]
Suivant de près cette avant-garde, une colonne ininterrompue traversa le village tout au long de la journée... Elle s'acheminait vers Ecaillon par la rue de la Ville (rue Fauqueux actuelle), la rue de Masny et la rue de la Jaudrée...
... des uniformes « vert-de-gris », se disant autrichiens ou yougoslaves, cachés dans le café face à celui du «Cul-blanc », souhaitaient ardemment qu'une quelconque autorité les fit prisonniers. Initiative que personne n'osa prendre.

Dans l'attente de «l'Evénement» qu'on pressentait imminent, l'atmosphère tendue se décelait tout à la fois empreinte d'angoisse et d'espoir... Douai venait d'être délivré par les Britanniques... on en percevait les joyeuses volées.
On craignait surtout la répétition de l'Occupation, singulièrement la prise d'otages ou la sanglante répression d'un acte inconsidéré qui faisait frémir les plus téméraires. Alors, prudemment, « on restait chez soi » !
La retraite allemande – photo prise du chêneau d’une habitation
(Coll. Les Amis de Marchiennes)
La DEROUTE ALLEMANDE... ...

Les quelques jours précédant le 2 septembre, la vie quotidienne, la routine habituelle des occupés que nous étions encore, changeaient très sensiblement.
 
Soudainement, venant de Douai, Loffre, Montigny, étaient apparus les Allemands traversant en désordre le village. Grand ‘route, route de Montigny, rue de Masny (Bientôt rue Caffart), des chars, des blindés, d'antiques calèches, des camions bondés, certains de bicyclettes, des fantassins poussant des voitures d'enfants, à vélo ou montés sur des chariots... plus ou moins camouflés de verdures, se dirigeaient vers Somain par la route d'Ecaillon (notre rue Demouveau) et la Jaudrée...

- y paraît qu'y ramassent les qu'vaux et les vélos!
En effet, sans humeur apparente, mais fermement, tout ce qui était susceptible de porter ou de rouler (aussi d'être mangé et bu) se voyait réquisitionné.
Combien de chevaux furent alors subrepticement conduits dans de discrètes prairies (notamment du bout de la Jaudrée, telle la « pâture Irénée» !),
combien de roues de bicyclettes disparurent comme par enchantement, presque naturellement...
Le moyen de locomotion soustrait, il n'était plus guère possible de se rendre au travail.
Et la  « fosse» cessa complètement de fonctionner.
    * 1944 : 6 juin: débarquement en Normandie.
11 août: ... le 17° en trois mois : terrible bombardement de Douai - 250 morts - 150 blessés - Globalement 50 % des immeubles sont touchés. ... ...
... Ici, chez nous,
POINTE le SALUT... ...

- 30 avril - 1° mai - Jour d'Apocalypse à Somain où trois raids aériens sèment épouvante et désolation.
Au cours du 3° bombardement, celui de la nuit, les projectiles de la R.A.F. touchent un train de torpilles en attente. Elles exploseront toutes portant la mort à cinq kilomètres à la ronde. Trois d'entre elles tombent aux confins du bourg mais, heureusement, sans faire de victime: près du Calvaire d'Ecaillon, au «Marronnier» abritant « N.D. des Orages » du XVll° s. et
« Chemin de la Jaudrée ». 
 
. 25 août. La grève générale insurrectionnelle est proclamée dans tout le bassin minier et
. le 31, à Lille, la Résistance donne l'ordre d'insurrection.
A MASNY
la GUERRE 1939-1945
(2ème partie 1944 - 1945)

Des prémices à la LIBERATION
La vie quotidienne
Les victimes - La déportation

Gérard Courtecuisse
Commission historique du Nord
(Mai 2005 – Octobre 2010)